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Un Stendhal inédit

 

La bibliothèque municipale de Grenoble vient d'acquérir un manuscrit du jeune Henry Beyle.

Coup de tonnerre dans le ciel serein de la stendhalie grenobloise. En juin 1996, l'hôtel Drouot met aux enchères un manuscrit de Stendhal. Rien que cela! A part quelques petites lettres par-ci par là à sa chère sœur Pauline ou à d'autres, on pensait que plus rien d'inconnu de Stendhal ne pouvait circuler encore. Qu'on se détrompe ! Voici que par un beau matin de printemps surgissent 52 pages d'un essai historique du jeune Henry Beyle, texte que l'on croyait perdu à jamais. Il s'agit de l"'Histoire d'Espagne depuis la révolte du 28 avril 1699 jusqu'au testament du 2 octobre 1700". Poursuivons le descriptif du document. C'est un cahier in folio (33,8 x 21 cm) broché, couverture de papier marbré, paginé 325 à 472, dont 43 pages autographes et 19 pages de la main d'un secrétaire.

Pour l'avoir vu, de mes yeux vu, ce qui s'appelle vu, je peux certifier que ce manuscrit est flambant neuf. Yves Jocteur-Montrozier, conservateur du fonds Stendhal, pense qu'il a dû rester plus de cent ans dans le même rayon de bibliothèque sans avoir été manipulé. Tout comme le malheur, un miracle n'arrive jamais seul. Ce document commence à une certaine page 325. Or, il se trouve que la bibliothèque municipale de Grenoble possède depuis belle lurette un manuscrit de Stendhal sur la succession d'Espagne, édité en 1933 par Henri Martineau ("Histoire de la guerre de succession") et qui s'arrête brutalement à la page 324! Et voilà que la suite de l'histoire nous est donnée aujourd'hui avec ce texte, à partir de la page 325, rédigé entre le 14 et le 18 septembre 1808. Il faut savoir qu'entre 1806 et 1808, Stendhal se trouve à Brunswick où il est chargé de la direction des domaines impériaux du roi de Westphalie. Relativement oisif, il lit beaucoup d'ouvrages historiques au point qu'il songe à devenir historien. Il fait donc ses premières armes avec cette histoire de la succession d'Espagne. Victor del Litto explique que c'est à ce moment là, que "Beyle a rodé cette méthode de composition entremêlée de plagiats et de pensées originales... cette stendhalisation des emprunts". Quoi qu'il en soit, le jeune Henry Beyle - il n'a que 25 ans - fait preuve d'une approche scientifique sérieuse avec tout un appareil de notes, références et chronologie.

D'où vient ce manuscrit ? Mystère. Le vendeur est inconnu. Il s'agit d'une succession mais on ne sait pas qui l'a acheté. Cependant on frémit en pensant à la fortune qu'a dû couter l'acquisition de ce magnifique autographe de Stendhal. Je pose la question indiscrète. Yves Jocteur-Montrozier me répond: "52 000 francs". Devant ma stupeur il explique, "IL n'a pas été vendu cher car malgré la déontologique discrétion de l'expert, on sentait qu'il y avait de la préemption dans l'air. Et puis "c'était la suite d'un manuscrit que possédait déjà la bibliothèque de Grenoble". Je pousse plus loin l'indiscrétion: "qui a payé?" J'apprends qu'il y a eu une participation de la ville et de la région Rhône-Alpes, mais il y a eu aussi le concours du "Fonds régional d'acquisition des bibliothèques" subventionné par la Direction du Livre (ministère de la Culture).

Une dernière précision: parce que c'est une œuvre de jeunesse, l'écriture de Stendhal est remarquablement lisible. Un vrai bonheur. Il faut en profiter, les stendhaliens savent que cela ne durera pas.

R.L.M.

 

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